Delora transporte Martin

Delora était montée trois étages avec le professeur Markovis dans les bras. Elle n'avait pas vraiment rencontrer de difficultés dans cette opération mais elle avait peur que l'humain ne retombe dans les vappes. Elle passa dans la salle d'attente et rejoignit ensuite la chambre où l'on disposait de deux lits. Elle déposa doucement le prof sur l'un deux et le recouvrit d'une couverture. Ensuite, elle prit un gobelet et le rempli d'eau. Elle le posa sur la table de nuit à côté. Elle s'assit sur le bord du lit et attendit que l'état du professeur s'améliore.

"Dois-je aller chercher Kalimina pour qu'elle l'ausculte un peu ? Il me semble qu'elle a quelques notions en médecine. Peut-être devrais-je demander son avis à Mr.Markovis avant." Elle s'approcha du malade et lui dit à l'oreille :

"Voulez-vous que la psychologue jette un oeil sur votre situation ?"

Dans la tête à Martin, psychologue sonna immédiatement comme une menace. Malheureusement, il savait qu'il devrait accepter son aide sinon... il préférait ne pas penser à ce qui s'en venait. Cependant, il sentait que c'était encore là. La voix. Toutefois, il outrepassa ses craintes et tenta, dans un râle, d'accepter l'offre.

Cette fois, il se doutait que ce serait la dernière psychologue qu'il verrait et qu'elle serait surement une sorte de coup de grâce sur sa santé fragile. Jusqu'à aujourd'hui, tous les psychologues qu'il avait rencontrés n'avait fait que fragiliser sa santé mentale et l'obliger à se renfermer sur lui-même. Malheureusement, il n'avait pas le choix.

Delora perçut un "Oui" fort léger. Elle passa sa main sur le bras du professeur, comme pour l'encourager. Elle lui indiqua la présence du verre d'eau, elle l'aiderait à boire s'il le fallait. Puis elle s'éloigna un peu vers le bureau de Kalimina tout en veillant sur le prof'. Elle toqua à la porte et, sans attendre de réponse, l'ouvrit entièrement. Du pas de la porte, elle regarda si la psychologue n'avait pas de consultation en cours puis lui demanda :

"Kali ? Le professeur Markovis est très mal en point. Pourrais-tu venir le voir ?"

Après le hochement de tête de l'elfe, elle revint auprès de Martin.

"Elle arrive. Ne vous inquiètez pas. Elle a su maîtriser une vampire en colère et l'aider à survivre au deuil. Elle a su maîtriser ce qui est inmaîtrisable en fait. Et elle connaît la souffrance elle aussi. Ayez confiance en elle, c'est une femme extraordinaire. Ce n'est pas qu'une ignorante psychologue."

Voyant Kalimina arriver, elle se tut. Delora sourit au professeur et posa sa main sur la frêle épaule humaine.

Kalimina, interrompu dans sa lecture des dossiers, avait relevé la tête pour découvrir la silhouette de Delora sur le pas de la porte. La jeune fille n'était pas venu pour elle, mais pour le rofesseur Markovis, qui était apparamment mal en point. La vampire était tout de suite retournée à son chevet et Kali prenait le temps de venir. Quand elle arriva près d'eux, Delora parlait à l'humain. Mais elle se tut aussitôt.

- Delora, que lui arrive-t-il ? Que s'st-il passé ? demanda-t-elle.

En effet, le professeur avait l'air très mal en point. Mais elle ne savait pas si sa présence près de lui arrangerait les choses, vu son trouble lors de l'entretien qui n'a d'ailleurs pas pu avoir lieu.

Alors que la psychologue était entrée, Martin luttait intérieurement. D'un côté, il souhaitait rester ou bien de partir le plus vite qu'il ne pouvait. Il refit donc un test de son corps qui commençait à redevenir normal, bien qu'il conservait une certaine rigidité dans ses membres. Connaissant les psychologues, il savait que s'il courait dans cet état, il serait vite rattrapé soit par des gorilles ou bien par la vampire. Cette dernière pensée devenait intéressante, il pourrait voir si elle courrait aussi vite qu'elle était forte... Oh et puis zut! Il préféra rester là. Le jeu était terminé pour lui et il savait qu'il avait perdu, il répondit donc à la question de la psychologue - même s'il lui semblait perdre son honneur de bête mangeuse de psychologue qu'il avait acquis au fil des ans:

«J'étais malade et j'ai eut une petite faiblesse. Ça m'arrive parfois. Bon... pas de cette force, j'avoue... Mais ça m'arrive! Rien à s'inqu...»

Le professeur eut un léger vertige alors qu'il s'était levé pour parler et il prit donc appui sur le matelas du lit pour ne pas chavirer.

«Ça devrait passer.»

Kalimina inspecta de la tête aux pieds le jeune humain qui se trouvait devant elle. L'elfe faisait exactement la même taille que lui. Elle était plutôt petite pour une elfe mais cette hauteur lui suffisait. Martin Markovis semblit encore affaibli quandil tenta de seremettre debout. Il se retint grâce au matelas pour ne pas tomber. Kali tendit le bras au cas où.

- Si vous n'avez pas besoin de moi, alors je vais vous laisser. n'oubliez pas que nous n'avons pas terminé notre entretien. Mais j'attendrais que vous soyez prêt. J'ai tout mon temps.

La psychologue rejoignit Delora et lui chuchota quelques mots si bas que seule la vampire aurait pu décripter.

- Si vous n'avez rien à me dire, je vous laisse.

Elle rentra dans son bureau et ferma doucement la porte.

Kalimina était venue, elle avait posé des questions et Mr. Markovis s'était empressé de lui répondre. Rien de bien passionnant. Elle aurait bien voulu voir le prof s'enfuir en courant et Kali lui courir après. La vampire aurait effectivement trouvé cela amusant. Mais non. Markovis se montra gentil et Kalimina partit très vite, après lui avoir chuchoté une suggestion qu'elle pourrait effectuer si l'opportunité s'ouvrait à elle. Delora pencha la tête en signe d'approbation et l'elfe déguerpit.

La vampire s'approcha de Martin et lui demanda :

"Vous allez mieux ?"

Elle fixa le professeur, attendant une réponse.

Pendant quelques instants, le professeur fixa la porte du bureau de Kalimina comme si c'était l'entrée des enfers et qu'il devrait, tôt ou tard, y passer. Heureusement, la situation avait changée à comparer à la dernière fois. Puis, lorsque la vampire lui dit quelque chose, il sortit de ses pensées et répondit aléatoirement quelque chose, n'ayant pas trop écouté:

"-Ah! Euh... oui, je suis tout à fait d'accord."

Pis son regard se fixa de nouveau sur la porte alors qu'il poussait un soupir. «Encore coincé à aller à ce bureau» Sauf que cette fois, il commençait à comprendre que cette psychologue n'était peut-être pas comme les autres. Contrairement à ses dernières rencontres, il ne s'était pas retrouvé très vite maitrisé par des agents de sécurité ou coincé dans d'autres situations désastreuses du genre.

Voyant que le professeur fixait étrangement la porte, elle lui assura :

"Vous n'êtes pas obligé d'aller la voir en fait."

Sa curiosité la poussa à lui poser une question :

"Que vous est-il donc arrivé ? C'est pas normal d'avoir une faiblesse soudaine comme ça. Enfin, je sais pas, je connais moins les humains que quand je l'étais moi-même mais..."

La vampire chuta tout d'un coup sur le sol, comme si on venait de la frapper. Elle resta un instant assise, perplexe et fortement troublée par ce qui venait de lui arriver. Puis elle se releva rapidement, s'appuyant sans s'en rendre compte à l'épaule de Martin.

"Bon, vous me répondez ?"

Martin hésitait entre demander à la vampire ce qui lui arrivait et lui parler de son état à lui. Il se dit alors que ce pouvait être relié à un manque de sang, n'ayant jamais vu le résultat d'un tel évènement, il laissa donc passer l'occasion de lui prêter son aide.

"-En fait, je ne sais pas trop. Ça a commencé vers mes 17 ans. C'était des nausées, des étourdissements, des envies soudaines de faire quelque chose, mais depuis que je suis ici, ça a pris une autre tournure. Tout est empiré depuis que je suis sur le continent Méridien."

Puis, souhaitant un peu changer de sujet, il demanda:

"-Sinon, ça va? On dirait que tu as eu un choc ou quelque chose."

Delora commençait donc à connaître un peu mieux ce professeur. Il l'avait beaucoup intéressé depuis le début. Quand il lui posa une question, elle répondit, d'une manière plutôt évasive :

"Oui, on va dire que j'ai eu un choc, quelque chose comme ça. Un rappel, c'est étrange."

Elle préférait éviter ce genre de conversation, alors elle essaya de changer de direction :


"Il paraît que demander son âge à un humain peut leur paraître insultant mais...quel âge avez-vous ?"

Pour la première fois depuis la rentrée à l'Ecole, Delora s'ouvrait un peu. Son esprit s'animait.

Depuis le début, Martin avait trouvé la vampire ''intéressante''. Normalement, il n'aimait pas parler avec les autres, et encore moins de lui. Cette fois, c'était différent...

Il se mit à rire face à la question de son élève. Finalement, il répondit:

"-Bah, ça l'est pour certains! Mais moi j'ai autre chose à faire de me sentir insulté parce que l'on me demande mon âge. Donc j'ai 34 ans."

Martin se demandait encore en quoi demander l'âge des gens était un truc vexant pour certains. Lui-même ne comprenait pas les humains. Toutefois, il ajouta avec un clin d'œil:

"-Contrairement à certains, je suis encore un enfant presque..."

Delora éclata d'un rire cristallin lors de la dernirèe remarque de l'humain.

"Il s'avère effectivement que vous pouvez paraître très jeune pour certain. Dont la vampire que je suis. J'atteins mes 151 ans cette année, à moins que je ne les ai déjà, je ne me souviens plus. Alors 34 ans, de mon point de vue, c'est jeune."

Elle souria à son interlocuteur.

"Les humains ne devraient pas avoir honte de leur âge, car il montre la sagesse et la connaissance. Mais ça, ils ne sont pas capables de le comprendre. Je ne sais pas, ce sont des êtres simples, ils vont à la facilité et ne voient pas plus loin que le bout de leur nez. Ils ne cherchent pas à imaginer ce que c'est d'être quelqu'un d'autres."

Elle lança un regard interrogateur à Martin et corrigea :

"Mais heureusement, cela ne s'applique pas à tous les humains. Et c'est plutôt rassurant parfois."

La dernière réplique fit sourire le professeur. Il ajouta:

"-Bah, on pourrait presque croire que je ne suis pas humain. Je m'entends très mal avec mes semblables. Généralement, tous mes liens avec les autres humains ne m'ont causé que du trouble. Disons que tous ces problèmes ont perturbés l'idée que je me fais de la société.."

Il commença à se lever pour aller la voir la psy, mais il termina sa réponse:

"-Selon moi, la fraternité, c'est d'la merde."

Sur ce, le professeur alla à la rencontre de la psy, pendant qu'il le pouvait encore. Afin de ne pas perdre l'équilibre, il se tint sur le mur.