1er entretien avec la directrice

Kalimina pressa la poignée de la porte puis poussa cette dernière doucement. Elle entra dans la pièce qui serait dorénavant son bureau. Rien qu'en effleurant la douce moquette du sol, elle se sentit à l'aise. Au moins, ici, ses pieds nus seraient au paradis. Quelques fauteuils et un divan s'imposaient dans la pièce, le bureau en occupait un coin. Un bureau assez simple, il suffirait à la psychologue. Un grand sourire s'étira sur ses lèvres, elle serait confortablement installée ici. L'elfe rangea quelques affaires puis posa un paquet de feuilles ainsi que quelques stylos sur le bureau. Elle testa la chaise du bureau :

- Ouille !

Elle se releva immédiatement et testa un à un les fauteuils et le divan. Elle préférait ces derniers à la chaise inconfortable de son bureau. Elle sortit ensuite de son sac une pancarte préparée à l'avance et l'accrocha de l'autre côté de la porte, juste en dessous de :



, on pouvait lire :



En attendant que quelqu'un vienne la voir, elle s'allongea sur le sol et fit un exercice de respiration.

Kalimina alternait respiration lente et rapide lorqu'elle entendit la porte s'ouvrir et quelqu'un se glisser dans la pièce. Un lointain ronronnement se fit entendre, Malice, cachée derrière un fauteuil, avait reconnu la personne qui était entrée. Les yeux fermés, l'elfe salua :

- Heureuse de te revoir, directrice. Je sais que tu as peu de temps à consacrer à beaucoup de chose, mais ici, c'est à moi d'abréger si je le veux ou non ce genre d'entretien. S'il doit durer trois jours, un mois, un an ou une minute, cela se fera ainsi mais je ne peux rien faire pour t'arranger.

La psychologue ouvrit les yeux, se releva puis s'installa en face de la directrice, dans un fauteuil.

- Tu es éternellement chargée de travail, ça ne te dérange pas d'être tout le temps aussi occupée ? Tu ne voudrais pas parfois t'évader un peu ? Ne te consacres-tu aucun moment de repos ? Dors-tu suffisamment la nuit ? Donnes-moi donc un exemple d'une de tes journées de travail ?

Kalimina n'avait pas prit de note mais elle se dit qu'elle s'en chargerait bien plus tard. Clémentine répondit correctement à ces questions. La directrice s'était allongée sur le divan, la psy' l'avait laissé faire. Elle lui avoua qu'elle dormait très peu, étant très préoccupée par l'Ecole. D'ailleurs, elle lui présenta l'une de ses idées pour son Ecole. Kali sourit. La directrice lui donna heures après heurs, l'une de ses journées types puis elle demanda en fixant l'elfe :

Alors, verdict ?
- Tes après-midi sont très longs je trouve. Mais si cela te conviens pour l'instant, je ne dirais rien. Tu sais, je ne suis pas une psychologue qui fait la leçon. Si l'on me demande mon avis, alors je réponds, mais jamais je ne me mêlerais de ce don je dois pas être au courant. Si l'on me demande des conseils, alors je serais toujours là. Si l'on ne me demande rien, alors je me tais.

Kalimina se tut un instant puis continua :

Tu aimes travailler, pourquoi tu t'obstines à ne faire que cela ? Je veux dire : Quelles sont tes motivations ? Quelles sont tes priorités dans la vie ? Prévois-tu l'avenir ? De ton point de vue, quelle est ta plus grande faiblesse ? Et qu'attends-tu de toi-même ?

Malice se frotta soudain aux jambes de Kali, celle-ci sursauta puis attrapa le chat sauvage et le posa sur ses genoux. L'animal miaula un instant et se coucha sur les genoux de sa maîtresse. Elle le caressa en attendant la réponse de la directrice.

La directrice fixa longtemps Malice en silence. le jeune chat sauvage, aussi déluré que sa maîtresse parfois, ronronnait doucement sous les caresses de Kalimina. Clémentine commençait vraisemblablement à avoir du mal à s'exprimer face aux questions posées. Un sourire essayait néanmoins de naître sur le visage de la jeune femme, en vain. Son école, c'était le résumé de la vie de la directrice.

- Et si jamais l'école échouait ? Mais peut-être préfères-tu ne pas y penser. Je ne t'oblige pas à répondre. Je le disais seulement comme ça.

Kali baissa un instant les yeux et se mura dans un silence magistral. Il semblait long à Malice, qui, se rendant compte que les caresses avaient cessées, commençait à se plaidre en miaulements criards. Tout d'un coup, l'elfe releva la tête comme si elle revenait d'un vilain cauchemar et s'excusa :

- Pardonne-moi Clémentine, j'ai eu un...un...un moment d'égarement. Enfin, j'ai eu une révélation.

Kalimina se leva alors, faisait tomber Malice de ses genoux dans un bruit sourd de chute, rejoint son bureau, inscrivit quelques lignes sur une feuille puis revint à la directrice. Le chat sauvage avait prit sa place et se léchait une patte dans une ignorance suprème de sa maîtresse. Kali resta debout et regarda sa patiente :

- Peux-tu me raconter ton enfance, ainsi que l'éducation que tu as reçue ?